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GFX
Jeffrey Sherman , Deputy Chief Investment Officer, DoubleLine®
Jeffrey Sherman: Voilà le plus grand défi et casse-tête de la gestion d’un portefeuille de titres à revenu fixe. En effet, depuis cinq ans environ, mais probablement aussi durant les 16 années de ma carrière dans le secteur des titres à revenu fixe, les gens craignent une hausse des taux d’intérêt. Je connais l’exemple théorique, selon lequel une hausse des taux d’intérêt signifie une baisse du cours des obligations et donc, une perte d’argent. Mais lorsque l’on commence à bâtir un portefeuille, il faut se fier à ce que nous présente le contexte macroéconomique. Par conséquent, si les taux d’intérêt augmentent pour la bonne raison, c’est-à-dire lorsque l’économie connaît une embellie, qu’il s’agisse de l’économie mondiale ou de celle d’un pays précis, cette augmentation des taux d’intérêt est de bon augure pour certains types de titres à revenu fixe. Plus particulièrement, si vous prêtez de l’argent à des sociétés, vous prêtez de l’argent à des gens qui profiteront d’une meilleure conjoncture économique et seront plus enclins à racheter leurs titres.
Cela dit, les gens ont accordé trop d’importance au fait que le taux de rendement absolu est faible ou inférieur à ce que certains ont observé durant leur carrière. Toutefois, si nous reculons dans le passé et examinons l’évolution des taux d’intérêt des États-Unis ou du Royaume-Uni, pour lesquels les données remontent à 150, 250 ans, vous constaterez que c’est généralement le taux de rendement réel qui compte. Par taux de rendement réel, j’entends le taux d’intérêt obtenu moins le taux d’inflation, lequel se rapproche de ce que nous observons sur les marchés à l’heure actuelle. En fait, les gens mettent l’accent sur la faiblesse des taux, car actuellement, l’inflation est plus faible qu’au cours de cette longue période. Puisque les marchés se négocient en fonction de la valeur relative, c’est cette compensation déduction faite de l’inflation que reçoit réellement l’investisseur. C’est ce qui décourage les gens qui avaient l’habitude d’obtenir 5 % ou 6 % sur leurs titres, même en tenant compte d’un taux d’inflation de 4 % ou 5 %, ils sentaient qu’ils progressaient. Mais si le creux du marché se situe à 3 % et que l’inflation est de 2 %, le creux du marché donne exactement le même résultat. Par conséquent, les investisseurs doivent surveiller l’incidence de l’inflation sur leur portefeuille, car il s’agit de l’élément qui peut faire grimper les taux d’intérêt en flèche, comme nous l’avons constaté aux États-Unis lors de l’élection du président Trump. Les gens ont commencé à croire que ses politiques feraient monter l’inflation, ce qui a donné lieu à un rajustement des taux d’intérêt sur une courte période.
Au début de 2017 toutefois, les investisseurs ont commencé à remettre en cause l’efficacité de la mise en œuvre des politiques. Comme vous le savez sans doute, le président Trump tient de bien beaux discours, mais jusqu’à maintenant, l’exécution fait du surplace. En ce qui concerne les politiques, il faut surveiller l’efficacité de leur mise en œuvre. Autrement dit, lors de la construction d’un portefeuille, il importe d’assurer un équilibre sur le plan du risque. Il s’agit d’orienter le portefeuille en fonction des résultats qui sont les plus probables à votre avis, sans toutefois mettre tous vos œufs dans le même panier. En ce qui concerne le président Trump, l’incertitude persiste et une certaine dose d’euphorie et d’optimisme règne toujours sur les marchés financiers à l’égard de ses politiques, mais jusqu’à maintenant, leur mise en œuvre se fait toujours attendre. Nous nous méfions donc un peu de cette euphorie, même si tout demeure possible, puisqu’il n’est en poste que depuis quelques mois.